
Si l’épreuve anticipée de français mobilise moins les médias que les sujets de philosophie, elle n’en demeure pas moins un moment important de la vie scolaire d’un lycéen : il s’agit en effet de la première véritable expérience de l’écrit, avec ce que cela suppose d’appréhension… on sait bien en effet que la langue écrite n’est plus familière (voir le rapport de la Certification Voltaire, il y a dix jours !) et que de c’est le plus souvent du côté de la qualité (correction, précision) de l’expression que se jouera en définitive la note ! D’autre part il ne faut jamais perdre de vue que cette note écrite va jouer un rôle considérable l’an prochain dans la constitution des différents dossiers de candidature (procédure APB ou inscription à l’examen d’entrée de Sciences Po Paris par exemple). Elle constituera la seule note « fiable » sur laquelle juger du niveau du candidat puisque la constitution de ces dossiers s’effectue bien avant que ne soient connus les résultats du baccalauréat.
La structure de l’épreuve est complexe. Il s’agit de bien gérer son temps :
– Lire assez rapidement les textes proposés autour de l’objet d’étude déterminé.
– Répondre à la question initiale commune à tous le sujets et valant quatre points.
– Choisir un sujet parmi trois exercices possibles.
– Traiter ce sujet (ce sont les seize points qui restent.)
– Contrôler sans défaillance la qualité de son expression écrite.
Voici quelles réflexions inspirent ces sujets. Il en va pour le français comme de la philosophie, la notion même de « corrigé » est douteuse. Il n’y a pas de « bonnes réponses » mais des analyses et des traitements plus ou moins pertinents, le style assurant la différence entre la bonne copie et l’excellent devoir. Un 15/20 reconnaît la pertinence, un 19/20 y ajoute la reconnaissance d’une plume !
Série L : « Ecriture poétique et quête du sens, du Moyen-Âge à nos jours. »
Beau corpus composé d’oeuvres peu connues et d’auteurs rares : le fabuliste Florian (neveu de Voltaire) ; Lamartine (trop peu lu aujourd’hui) ; Jean de la Ville de Mirmont, jeune poète mort au début de la grande guerre, que Gabriel Fauré appréciait tant et que les candidats connaissent peut-être grâce à Julien Clerc qui a mis en musique le célèbre « Vaisseaux, nous vous aurons aimés en pure perte » ; enfin un poème en prose de Jean-Michel Maulpoix dont les superbes cours ont marqué tant d’étudiants en Lettres.
Un ensemble de textes de qualité autour de la thématique du voyage, notamment dans sa dimension baudelairienne (comme le souligne d’ailleurs l’intitulé de la dissertation).
La question d’ensemble : pas de grande difficulté. Seulement se souvenir que l’exercice de la comparaison suppose de discerner convergences et divergences. Une connaissance de l’intertextualité pouvait être requise.
Le commentaire : sans doute l’exercice le plus difficile des trois. Car la poésie de Lamartine nous semble parfois fanée, charriant clichés et images fatiguées que nous interprétons comme des maladresses alors que cette fatigue-là, cette usure des mots en fait la modernité déjà toute verlainienne.
La dissertation : la poésie comme invitation au voyage… se souvenir évidemment du poème de Baudelaire mais plus généralement de ce motif du départ repris aussi par Mallarmé, dans « Brise marine ». La poésie n’est-elle qu’une invitation ? De fait chez Baudelaire et Mallarmé le voyage, le départ est une « hantise », ou une rêverie. La poésie n’est-elle pas davantage qu’une invitation ? N’est-elle pas tout simplement « voyage » en elle-même… périple à travers le langage, une Odyssée qui retraverse toujours toute la Littérature… Il y a de quoi composer une belle copie et aller chercher le 15/16 !!!
L’invention : le plus cadré des trois sujets. Il faut suivre les consignes à la lettre, ce qui conduit à un exercice qui « sent un peu la craie » et peut aisément sembler très artificiel. C’est en tous cas peu créatif.
Mon choix : la dissertation. Elle offre tant de possibilités !
Série ES/S : « Le texte théâtral et sa représentation, du XVIIème siècle à nos jours »
Un corpus de dimension assez modeste, avec néanmoins une belle surprise : la présence d’un texte de Laurent Gaudé, prix Goncourt 2004 pour le Soleil des Scorta et dont l’oeuvre théâtrale est encore peu connue. Racine et Ionesco sont moins surprenants. Le groupement de texte est structuré autour de la question de la représentation – évocation de la mort sur la scène.
La question d’ensemble est également une comparaison. Il faut identifier les différents choix dramaturgiques qui ont été opérés et les comparer, mais en tenant compte aussi des différentes esthétiques que le corpus fait coexister.
Le commentaire : le très beau texte de Gaudé offre de grandes possibilités de commentaire, de par notamment sa dimension poétique et le maniement du vers libre. Les changements de mètre, les tensions en fin de vers, le jeu des sonorités, les ruptures… tout cela constitue un matériel argumentatif de choix.
La dissertation : un sujet assez plat sur la mise en scène. En quoi renforce-t-elle l’émotion que suscite le texte ? Au fond n’est-elle vouée qu’à « prêter main forte » ? A n’être qu’un auxiliaire ? Il faut évidemment dépasser cette conception purement littéraire du théâtre que récusait avec violence Artaud. Un théâtre qui repose pour l’essentiel sur le texte et qui instrumentalise la mise en scène est-ce encore du théâtre ? Aller voir du côté de Claudel où la mise en scène ne renforce pas le texte mais où elle se lie à lui. L’écriture dramaturgique est plurielle. Polygraphe.
L’invention : plus amusant, si l’on obéit bien aux consignes, que l’on respecte les règles spécifiques au genre épistolaire et peut-être que l’on s’amuse avec ce que l’on connaît de Ionesco (allusions, « clins d’oeil »)
Mon choix : on aura plus facilement une très bonne note avec le commentaire. Mais la dissertation permet « d’assurer ».
Obtenez une très bonne note aux épreuves du bac de français grâce à Atout Sup !