
L’épreuve d’option dédiée aux littéraires donne à choisir entre deux textes : un texte littéraire et un texte relevant de « la littérature d’idées ». De quoi s’agit-il ? C’est une façon habile de proposer un texte de caractère philosophique sans pour autant réclamer des connaissances spécifiques. Cette année, c’est Emile de Rousseau qui a été proposé aux candidats.
Dès lors le commentaire du texte appartenant à la « littérature d’idées » obéira aux mêmes impératifs que l’explication de texte philosophique.
Rappel de la méthode de l’explication d’un texte à caractère philosophique :
Encore une fois, il s’agit de partir de l’épreuve telle qu’elle est définie au baccalauréat :
Vous dégagerez l’intérêt philosophique de ce texte en procédant à son étude ordonnée.
Une première observation : l’intitulé a été modifié depuis quelques années. Autrefois on pouvait lire :
Dégager l’intérêt philosophique du texte à partir de son étude ordonnée.
Ce qui impliquait deux parties nettement distinctes : d’abord dégager le plan du texte et en souligner la logique, puis dans une seconde partie discuter l’intérêt du texte, c’est-à-dire au fond sa thèse.
A partir de 2002, les consignes sont claires, elles indiquent un objectif somme toute assez modeste qui permet de faire l’économie de toute véritable connaissance :
Expliquer le texte suivant : La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.
Il n’est plus nécessaire de procéder en deux temps : suivre l’ordre des arguments du texte en explicitant à mesure les notions requises et formuler les enjeux de chacune des étapes de la démonstration sont désormais la règle. On peut y ajouter une dimension illustrative : il n’est pas inutile parfois de donner un exemple, prélevé de votre culture, philosophique ou non, de votre observation du quotidien ou éventuellement de l’actualité.
Que signifie « expliquer » ? C’est « déplier » : ex-plicare, en latin. C’est-à-dire préciser le sens des mots utilisés, éclairer les allusions, formuler les sous-entendus et signaler les autres textes ou les autres arguments auxquels le texte fait directement ou non référence, l’intertexte. En aucun cas il ne s’agit de céder à la paraphrase, c’est-à-dire reformuler « mal » ce qu’un auteur a par principe « bien » exprimé . En aucun cas il ne s’agit de « critiquer », de contester directement l’auteur, le choc pourrait être rude et les forces sont inégales ! Le cas échéant, il est parfois possible de modestement signaler un part pris, voire un présupposé à caractère idéologique.
Comment se présente le commentaire ?
L’introduction doit répondre aux attentes suivantes :
Elle doit commencer par annoncer le thème : sur quoi porte le texte ? Il peut être habile alors de débuter par une phrase prélevée du texte qui résume le plus efficacement le propos. Quelle donc la thèse défendue ? Quelles sont les étapes du raisonnement ? Sur quel argument repose alors la thèse ? Quel problème soulève cette thèse.
Le développement, on l’aura compris n’obéit pas à un plan précis, il suit les mouvements du texte, il y aura donc autant de parties qu’il y a d’étapes dans la démonstration.
La conclusion, c’est là où vous pouvez exprimer sur le texte un jugement critique, mais critique au sens de Kant , c’est-à-dire qui cherche à fixer des limites. Soit vous mesurez la portée du texte, soit vous en dites les failles ou les insuffisances. Evidemment ce n’est pas le prétexte aux manifestations brutales et pénibles des certitudes et des préjugés.
Quelques questions qui se posent encore…
– Peut-on citer d’autres philosophes ?
Bien-sûr à condition d’éviter les anachronismes. Le dialogue entre les auteurs est un dialogue à travers les âges et chaque époque à sa façon de dire les choses. Il faut faire attention.
– Peut-on donner son avis ?
Oui mais avec les réserves précédemment formulées à propos de la conclusion. A priori, l’exercice du commentaire est assez impersonnel.
– Peut-on vraiment « s’en sortir » si on ne connaît pas du tout l’auteur ?
Oui , en droit.
Dans les faits, la connaissance de l’auteur peut éviter bien des contre-sens mais elle suscite en retour des tentations dangereuses, celles qui conduisent à plaquer sur le texte des développements préfabriqués sans rapport avec le texte. Le remplissage est alors un vrai risque, et le texte se fait prétexte…